• Après une heure de bateau, nous arrivions près des Skellig.

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  •   Neuvième jour, toujours pas de vous savez quoi, vraiment étrange cette affaire. Les effets du réchauffement climatique ?

      Hier soir, une terrible envie d'aller faire un petit tour dans les pubs de Corcaigh - le nom de la ville en Gaélique, l'autre langue communément parlée ici - s'est emparée de moi mais les gens de Loyola n'étaient pas motivés pour de multiples raisons : travail, fatigue, ...

      Après hésitations et au vu de l'accueil que m'ont réservé les Irlandais depuis mon arrivée, je décide de prendre mon courage à deux mains et je me dirige, seul, vers le centre-ville. Sensations étranges. Vais-je devoir boire ma pinte seul dans mon coin ? Vais-je devoir regarder les autres s'amuser tout en restant seul dans mon coin ? Ai-je pris la bonne décision ? Peut-être aurais-je dû rester avec Manon et Tom pour regarder Déjà Mort, le film d'Olivier Dahan, la première demi-heure avait l'air pas trop mal. Je me souviens d'une phrase que l'on m'a dit quelques jours avant mon départ : l'expatriation ce n'est pas le Club Med, tu dois faire des efforts pour t'intégrer et te faire accepter, ils sont chez eux, c'est toi qui vient squatter pas l'inverse. Ce n'est pas faux, je ne vais pas faire marche arrière, je dois rencontrer des gens. Aller vers eux et découvrir qui ils sont vraiment.

      Le centre ville est très animé ce soir. C'est la semaine de rentrée à UCC, l'université de Cork, ceci explique peut-être cela. Les gens sortent en groupe. Moi je sors seul. Les filles sont très peu habillées, l'Irlande est un pays anglo-saxon et il ne fait pas exeption à la règle.

      Il y a beaucoup de monde. Je décide de trouver un quartier un peu plus calme. Un endroit que je connais pour y avoir déjà bu un verre il y a quelques jours avec Manon et John, The Mutton Lane - qui ne veut pas dire la laine de mouton - , je décide de m'y poser. C'est toujours plus rassurant d'être en territoire connu. Je commande une Rebel Red - une bière locale -, je me trouve un petit siège. La population de ce bar est plus âgée que celle que j'ai pu croiser dans les rues. Je m'enfile ma pinte, personne ne vient vers moi. Je ne baisse pas les bras, si les vieux ne m'intègrent pas peut-être aurais-je plus de succès avec les gens de mon âge ?

      Je rebrousse donc chemin. Une rue bondée se présente face à moi. Un pub, une discothèque. Le choix est vite fait et il s'oriente vers le An Brog, un gros pub au sein duquel la moyenne d'âge doit avoisiner les 25 ans. Le lieu idéal pour moi. Une Murphy's à la main - une bière locale -, je vais m'asseoir sur un tabouret qui me tend les bras. Le rock celtique des Pogues fait s'animer la salle. L'ambiance est au rendez-vous. Juste le temps pour moi de boire un quart de ma pinte avant qu'un groupe de jeunes ne s'approche de moi pour me demander si les quatre autres tabourets qui m'entourent - je m'étais installé, seul, sur une table pour cinq ou six, très stratégique comme choix - sont libres. En s'installant, un des jeunes, qui me fait fortement penser à Syd dans Skins - pour les fins connaisseurs - avec son bonnet et ses lunettes, manque de renverser ma bière. Il s'excuse, c'est le moment rêvé pour moi d'essayer de lancer la discussion. Il s'appelle Dan, il est étudiant à Cork, c'est la première fois qu'il rencontre quelqu'un qui s'appelle Erwin - même en Irlande on me dit ça - et il a fait trois ans de Français à l'école.

      Un canapé se libère. Dan et sa troupe se dirige vers un peu de confort, il se retourne et m'invite à les suivre. Le contact est noué. A peine assis, il me présente à ses amis, deux mecs et deux filles : John, Matthew, Kathryn et Mary. Ils me posent plein de question, ils ont l'air ravi de faire ma connaissance. Le plaisir est partagé. Les questions s'enchainent, j'essaie d'y répondre avec mon meilleur anglais. Je m'excuse à mainte et mainte reprises pour mon anglais plus que perfectible. Tous aussi sympas qu'ils sont me disent que pour quelqu'un qui vient juste d'arriver je me débrouille vraiment pas trop mal. Arrêtez, je vais prendre la grosse tête.

      Ils sont tous partis se commander une nouvelle bière, niveau descente je ne peux pas rivaliser. Seule Kathryn est toujours là dans le canapé. On parle de choses et d'autres. Elle adore la France et aimerait aller y étudier ou travailler dans le futur. On parle d'elle et de moi. Musique, cinéma, style de vie, voyage. Je m'excuse pour mon anglais. Le courant passe bien. Il y a quelques heures, j'appréhendais ma soirée et voilà que je ne vois plus le temps passer. Les mecs reviennent. On se lance sur le dance floor. Il passe un remix de Plastic Bertrand, Ca plane pour moi, la salle s'enflamme. La soirée continue, j'ai de plus en plus de mal à comprendre ce qu'ils me disent, la musique est de plus en plus forte. John me fait rire, il me montre un jeu d'alcoolique irlandais très bête mais tout ce qu'il y a de plus amusant. Un dérivé de la pétanque à l'aide de sous-verres. J'apprends comment faire mousser une pinte en deux temps trois mouvements. Je n'ai pas le temps de finir la mienne qu'elle se retrouve sur mes chaussures.

      Je danse, je parle, je chante, je ris, je bois, je suis vraiment content d'avoir été au bout de mon envie. Je parle avec Kathryn, les autres ont disparu, on s'échange nos numéros, le pub va fermé. Soirée inoubliable. Je n'ai fait que parler anglais et pourtant je me suis vraiment amusé.


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  •   Bonjour Irish Météo, mais elle est passée où la pluie ?

      Mesdames, messieurs, bonsoir... approchez, approchez, n'ayez crainte... ce soir, je vais vous dévoiler une recette miracle : comment mettre un peu de piment dans la vie irlandaise ? Rien de plus simple en apparence, il suffit juste de vouloir préparer un repas, même anodin... Qui veut relever le défi ? Des côtes de porc sauce moutarde et un fondant au chocolat.

      Pour cela, prenez votre courage à deux mains (ou vos jambes à votre cou, c'est au choix) et dirigez-vous vers le supermarché le plus proche. Vous y trouverez des oeufs, de la farine, du beurre salé (bin oui ici c'est ça, de la margarine ou rien) de 227 grammes ou 454 grammes (oui ils sont passés à l'unité de mesure internationale mais ils ont gardé leurs vieilles habitudes), de la farine, du sucre (avec un peu de chance, vous tomberez sur du sucre en poudre, avec moins de chance sur du sucre glace, dans les deux cas les paquets portent exactement la même dénomination : sugar), de la crème fraiche (dans des petites bouteilles qui se confondent assez bien avec les bouteilles de lait), de la moutarde dans un packaging assez fun bien loin de notre traditionnelle Amora et son pot en verre, des côtes de porc (apparement les porcs irlandais ne doivent pas avoir la même tête qu'en France), et enfin du chocolat pâtissier. Pour mettre la main sur ce dernier ingrédient, non des moindres, il va vous falloir vous armer de courage.

      Direction le rayon confiserie, cherchez bien car le chocolat y est bien caché (visiblement, les irlandais ne doivent pas en être très friands). Ensuite essayez de faire le tri dans le peu de marques proposées pour dégoter le chocolat pâtissier. Vous voyez passer une mère de famille accompagnée de ses trois chérubins et vous ne savez pas comment on dit "pâtissier" en anglais, ne faîtes pas la terrible erreur de lui demander quel chocolat utiliser pour confectionner un bon gâteau au chocolat, elle vous regardera avec un regard ébété et vous répondra probablement qu'elle n'en a aucune idée. Deux minutes après, vous voyez passer une petite mamie qui s'aide de sa canne pour avancer, évitez de lui poser la question qui vous turlupine tant, son « désolé mais je n'ai jamais fait de gâteau » risquerait de vous faire mal au coeur. Si vous aimez vraiment les défis et que vous avez un après-midi devant vous, alors peut-être pouvez-vous tout de même demander à chaque client son avis sur la question : si la chance vous sourit, vous tomberez sur un étranger qui vit en Irlande depuis assez longtemps pour pouvoir vous aider et si jamais c'est un Irlandais qui vous apporte la réponse à ce dilemme je serai assez heureux de pouvoir le rencontrer.

       Pour vous faire gagner un temps précieux, je vais vous donner un rapide conseil : rabattez-vous directement sur le premier chocolat noir que vous débusquer. Un fondant au chocolat avec du Lindt 80% de cacao, vous trouvez que ça fait riche ? Peut-être, mais pourquoi les Irlandais importeraient-ils du chocolat pâtissier puisqu'ils ne cuisinent pas ? Mauvais derrière les fourneaux, plutôt bons question logique.


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       Sixième jour à Cork et toujours pas la moindre visite de madame la pluie. Ça mérite d'être souligné. Je vais tout de même attendre encore un peu avant de réserver un billet complet à cette supercherie.
     
      Profitons plutôt de cette belle journée ensoleillée pour faire un rapide bilan de mon week-end (à partir de samedi soir si l'on tient à être précis mais , il faut bien l'avouer ça faisait moins joli dans ma phrase, et l'esthétique occupe aujourd'hui une place importante dans nos civilisations qui s'auto-attribuent l'épithète développées). Je ne vais pas débattre de cette question ici.
     
      Revenons plutôt à nos moutons. Le jeu de mot était facile, mais oui, ce week-end, j'ai bel et bien vu les célèbres moutons irlandais. J'en ai vu un, deux, cinq, dix, cent, ... puis j'ai arrêté de les compter, il y en avait partout. Des petits. Des laineux. Des tondus. Des blancs. Des verts et jaunes. Comment ça ? Vous trouvez ça suspect ? Ne perdez jamais de vue que je vis actuellement en Irlande et qu'ici tout est possible. En Irlande on peut voir des moutons verts et jaunes brouter dans des étendues de verdure sans que cela ne paraisse étrange aux autochtones. Personnellement, j'en vois un, je me dis que le soleil a du taper plus fort que ce que je ne pensais. J'en vois deux, je me dis que je ne suis peut-être pas si fou que ça. Quoi de plus normal qu'un mouton vert et jaune le jour de la finale de hurling qui oppose Cork et le Kerry, surtout lorsque l'on sait que ces derniers jouent en vert et jaune. Fier de leur couleur les Irlandais ?
      
      Outre les moutons, il y a une autre chose que je n'ai même pas essayé de compter : les gannet, comprenez les fous de Bassan. Sans exagérer il y en avait cent fois plus que des moutons. Non le soleil n'a rien à voir dans tout ça, ni même la bière...
       Samedi, 19 heures, le camion (c'est comme ça que Tom son propriétaire l'appelle, pour ma part je dirais plus que c'est une camionnette amenagée en van) vrombrit devant Loyola. Il est l'heure de partir à l'aventure. Pour le coup, l'aventure se trouve à deux cents kilomètres à l'ouest de Cork, tout au bout de la péninsule du Kerry. Quelques heures de camion plus tard, on décide de faire escale pour la nuit sur une petite plage. Nous sommes huit à nous retrouver autour d'un feu, à manger un barbecue tout en discutant de choses et d'autres. 4 heures du matin, il est grand temps d'aller se coucher. La nuit promet d'être courte. Je suis le seul à décider de dormir sur le sable. C'est donc emmitouflé dans mon duvet et dans la chaleur du feu de bois que je m'endors, bercé par le crépitement du bois sec et le va-et-vient des vagues. Je ne serai réveillé qu'une seule fois dans la nuit par un animal à quatre pattes non identifié. Lorsque le soleil se lève, je suis seul sur la plage, les autres ne profiterons pas du spectacle, ils ne savent pas ce qu'ils loupent. Je suis bien content de ma décision surtout qu'à aucun moment je n'ai eu froid. Vivre ces expériences à fond il n'y a que ça de vrai.
     
      Dimanche, 9 heures, il est grand temps de partir. Dan nous attend à trente kilomètres de là. Dan, c'est le capitaine du Celtic Victor, le bateau qui devait nous emmener jusqu'au Skellig Island. Quelques problèmes de mécanique plus tard, c'est à six dans la voiture de location que nous nous dirigeons vers le port de Portmagee. Dan est là, une casquette de capitaine bien vissée sur le crâne, nous embarquons. La mer est assez calme, même si nous sommes pas mal secoués. Une grosse heure en mer plus tard, nous voilà face aux deux îles. Deux montagnes qui sortent de l'eau. Tout simplement magnifique. On accoste sur Skellig Michael. Dan nous donne deux heures pour en faire le tour. Vertigineux. Les marches s'enchaînent sur la pente abrupte. La vue est splendide. Bientôt nous arrivons au sommet, un monastère qui abritait depuis le huitième siècle une communauté de moines catholiques nous attend. Les attaques, la rudesse de la vie perché tout là haut, le manque de confort, autant de raisons qui font qu'aujourd'hui cette île est devenue un lieu touristique. Classée au patrimoine de l'Unesco, le nombre de personnes est limité, c'est donc une belle opportunité qui m'a été offerte et j'en suis ravi.
       14 heures, il est l'heure de retourner voir Dan qui nous attend en contrebas. Direction la deuxième île, Little Skellig. Là, pas question de s'arrêter. L'île est protégée et interdite aux Hommes. Cinquante-cinq milles fous de Bassan y ont élu domicile. Certains versants de l'île paraissent blancs, comme enneigés. En effet, cela vient bien du ciel mais les nuages n'ont rien à voir là-dedans. Du guano, encore et toujours. Du guano et des fous de Bassan. Je les avais vus dans les documentaires animaliers, aujourd'hui j'y suis pour de vrai. Little Skellig est la deuxième plus importante colonie de fous de Bassan au monde, Dan nous explique qu'ils vivent ici à mi-temps, le reste de l'année ils filent en Afrique. Tous mes sens sont en éveil, en plus de l'odeur assez insupportable, j'en prend plein les yeux, sur les rochers des gannet à foison, dans les airs idem - néanmoins aucun d'entre nous s'est fait chier dessus, ce qui relève de l'exploit -, puis quand Dan éteint le moteur, le chant des oiseaux s'offre à nous. Moment inoubliable. Malheureusement, ça ne dure pas, il faut déjà rentrer, heureusement j'ai près de deux cents photos de cette journée qui restera à jamais gravée dans ma mémoire.
      
      Sur la route du retour, je peux profiter du paysage, une carte postale géante. Des week-end comme ça, j'aimerai en vivre plus souvent. Merci l'Irlande.

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  •   Quatrième jour à Cork. Au moment même où je tape ces quelques mots, un rayon de soleil me réchauffe le cou et m'empêche par la même occasion de bien voir l'écran. Je commence à avoir l'habitude, le soleil en Irlande c'est la seule chose que je connais. Toujours pas la moindre goutte de pluie. Pourvu que ça dure.

      Hier, la ville de Cork ouvrait ses portes à l'occasion de sa Culture Night Cork 2008. Tous les musées étaient gratuits ainsi que les transports en commun. C'est donc avec les gens de Loyola (dénomination de la maison où j'habite actuellement) que je me suis enfoncé dans les rues de la ville. Après avoir rejoint d'autres Français - décidément ce n'est pas comme ça que je vais progresser en anglais - nous nous dirigions vers l'observatoire de la ville. Arrivés à l'arrêt de bus, on nous informe qu'il n'y en a plus, il est 21 heures. Maintenant je le saurais : quand les Irlandais parlent de Night ça signifie jusqu'à 21 heures, 22 heures avec un peu de chance.
      Heureusement Matthieu, notre organisateur d'un soir, a plus d'un tour dans son sac. Ils nous proposent d'aller à la National Sculpture Factory. Nous sommes les derniers ou presque. Ce musée est un musée vivant, pas question d'exposer des oeuvres achevées, ici les sculpteurs travaillent sous le regard des visiteurs. Pour le coup ils sont presque tous déjà partis, visiteurs comme artistes. Je m'arrête devant une machine tout droit sortie de retour vers le futur. Un mécanisme complexe pour répéter un mouvement infini. Le concepteur : un savant fou, fou mais passionné. À coup de photos et de dessins il explique son travail. Dommage que je ne comprenne pas tout...

      La soirée n'est pas finie, on ne se laisse pas abattre. Direction les quais de la Lee - rien à voir avec les acteurs asiatiques, c'est juste le nom de la rivière locale - pour boire un verre. Là, un spectacle déroutant s'offre à nous. Une station météo dernier cri est installée dans une grande boîte en plastique. Il fallait y penser. Le vent dans les espaces clos, il n'y a que ça de vrai. Puis, nous traversons toute la ville pour atterrir au Triskel, une salle d'exposition. Elle est encore ouverte, il est 23 heures. Peut-être aurait-elle mieux fait d'être fermée. Boring pouvait-on lire dans le livre d'or, boring résonnait dans ma tête. Des oeuvres à plus de 500 euros, des oeuvres qui ne m'évoquent rien. Seule pièce qui mérite que l'on s'attarde un peu devant : une bande son sous un cadre, dessus il est inscrit : "sur cette bande est enregistré un bris de glace, si vous désirez l'écouter veuillez casser la vitre".
      Des écouteurs, un briquet et des vinils plus tard. Il est l'heure d'aller au pub rejoindre d'autres personnes. Espagnols, Français, toujours pas d'Irish en vue. Je me réserve ça pour plus tard. Cette soirée aura tout de même été riche en enseignements et en rencontres. Même s'il s'y passe des choses un peu bizarre, ce pays me plaît.


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