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       Sixième jour à Cork et toujours pas la moindre visite de madame la pluie. Ça mérite d'être souligné. Je vais tout de même attendre encore un peu avant de réserver un billet complet à cette supercherie.
     
      Profitons plutôt de cette belle journée ensoleillée pour faire un rapide bilan de mon week-end (à partir de samedi soir si l'on tient à être précis mais , il faut bien l'avouer ça faisait moins joli dans ma phrase, et l'esthétique occupe aujourd'hui une place importante dans nos civilisations qui s'auto-attribuent l'épithète développées). Je ne vais pas débattre de cette question ici.
     
      Revenons plutôt à nos moutons. Le jeu de mot était facile, mais oui, ce week-end, j'ai bel et bien vu les célèbres moutons irlandais. J'en ai vu un, deux, cinq, dix, cent, ... puis j'ai arrêté de les compter, il y en avait partout. Des petits. Des laineux. Des tondus. Des blancs. Des verts et jaunes. Comment ça ? Vous trouvez ça suspect ? Ne perdez jamais de vue que je vis actuellement en Irlande et qu'ici tout est possible. En Irlande on peut voir des moutons verts et jaunes brouter dans des étendues de verdure sans que cela ne paraisse étrange aux autochtones. Personnellement, j'en vois un, je me dis que le soleil a du taper plus fort que ce que je ne pensais. J'en vois deux, je me dis que je ne suis peut-être pas si fou que ça. Quoi de plus normal qu'un mouton vert et jaune le jour de la finale de hurling qui oppose Cork et le Kerry, surtout lorsque l'on sait que ces derniers jouent en vert et jaune. Fier de leur couleur les Irlandais ?
      
      Outre les moutons, il y a une autre chose que je n'ai même pas essayé de compter : les gannet, comprenez les fous de Bassan. Sans exagérer il y en avait cent fois plus que des moutons. Non le soleil n'a rien à voir dans tout ça, ni même la bière...
       Samedi, 19 heures, le camion (c'est comme ça que Tom son propriétaire l'appelle, pour ma part je dirais plus que c'est une camionnette amenagée en van) vrombrit devant Loyola. Il est l'heure de partir à l'aventure. Pour le coup, l'aventure se trouve à deux cents kilomètres à l'ouest de Cork, tout au bout de la péninsule du Kerry. Quelques heures de camion plus tard, on décide de faire escale pour la nuit sur une petite plage. Nous sommes huit à nous retrouver autour d'un feu, à manger un barbecue tout en discutant de choses et d'autres. 4 heures du matin, il est grand temps d'aller se coucher. La nuit promet d'être courte. Je suis le seul à décider de dormir sur le sable. C'est donc emmitouflé dans mon duvet et dans la chaleur du feu de bois que je m'endors, bercé par le crépitement du bois sec et le va-et-vient des vagues. Je ne serai réveillé qu'une seule fois dans la nuit par un animal à quatre pattes non identifié. Lorsque le soleil se lève, je suis seul sur la plage, les autres ne profiterons pas du spectacle, ils ne savent pas ce qu'ils loupent. Je suis bien content de ma décision surtout qu'à aucun moment je n'ai eu froid. Vivre ces expériences à fond il n'y a que ça de vrai.
     
      Dimanche, 9 heures, il est grand temps de partir. Dan nous attend à trente kilomètres de là. Dan, c'est le capitaine du Celtic Victor, le bateau qui devait nous emmener jusqu'au Skellig Island. Quelques problèmes de mécanique plus tard, c'est à six dans la voiture de location que nous nous dirigeons vers le port de Portmagee. Dan est là, une casquette de capitaine bien vissée sur le crâne, nous embarquons. La mer est assez calme, même si nous sommes pas mal secoués. Une grosse heure en mer plus tard, nous voilà face aux deux îles. Deux montagnes qui sortent de l'eau. Tout simplement magnifique. On accoste sur Skellig Michael. Dan nous donne deux heures pour en faire le tour. Vertigineux. Les marches s'enchaînent sur la pente abrupte. La vue est splendide. Bientôt nous arrivons au sommet, un monastère qui abritait depuis le huitième siècle une communauté de moines catholiques nous attend. Les attaques, la rudesse de la vie perché tout là haut, le manque de confort, autant de raisons qui font qu'aujourd'hui cette île est devenue un lieu touristique. Classée au patrimoine de l'Unesco, le nombre de personnes est limité, c'est donc une belle opportunité qui m'a été offerte et j'en suis ravi.
       14 heures, il est l'heure de retourner voir Dan qui nous attend en contrebas. Direction la deuxième île, Little Skellig. Là, pas question de s'arrêter. L'île est protégée et interdite aux Hommes. Cinquante-cinq milles fous de Bassan y ont élu domicile. Certains versants de l'île paraissent blancs, comme enneigés. En effet, cela vient bien du ciel mais les nuages n'ont rien à voir là-dedans. Du guano, encore et toujours. Du guano et des fous de Bassan. Je les avais vus dans les documentaires animaliers, aujourd'hui j'y suis pour de vrai. Little Skellig est la deuxième plus importante colonie de fous de Bassan au monde, Dan nous explique qu'ils vivent ici à mi-temps, le reste de l'année ils filent en Afrique. Tous mes sens sont en éveil, en plus de l'odeur assez insupportable, j'en prend plein les yeux, sur les rochers des gannet à foison, dans les airs idem - néanmoins aucun d'entre nous s'est fait chier dessus, ce qui relève de l'exploit -, puis quand Dan éteint le moteur, le chant des oiseaux s'offre à nous. Moment inoubliable. Malheureusement, ça ne dure pas, il faut déjà rentrer, heureusement j'ai près de deux cents photos de cette journée qui restera à jamais gravée dans ma mémoire.
      
      Sur la route du retour, je peux profiter du paysage, une carte postale géante. Des week-end comme ça, j'aimerai en vivre plus souvent. Merci l'Irlande.

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  •   Ouf de soulagement. J'ai survécu à ma deuxième apocalypse. Personne a subitement disparu de la surface de la Terre. La fin du monde n'était donc pas pour hier comme l'avait programmée certains spécialistes. Toujours est-il que l'annonce de cet événement a fait grand bruit aux quatre coins du globe. Pourtant le silence de Paco Rabane, le plus grand de tous les spécialistes, était bien la preuve que tout ce remue-ménage n'était que pur fantasme, pure supercherie. Il n'y avait vraiment pas de quoi s'inquiéter.

      Hier à 10 heures 28, c'est près de Genève que l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire (Cern) a mis en service son accélérateur de particules géant. Nom de code : LHC, Large Hadron Collider (comprenez Grand collisionneur d'hadrons). Composé d'un anneau de 27 kilomètres, cet outil de travail devrait permettre aux chercheurs de recréer les conditions du Big Bang ainsi que d'étudier le bozon de Higgs, particule instable jusqu'alors jamais observée.

      Mais pourquoi la fin du monde s'est-elle invitée à ce festin ? Cette avancée technologique a le pouvoir de faire apparaître de minuscules trous noirs. Dans l'imaginaire des gens, un trou noir est un monstre glouton qui avale tout sur son passage : ce n'est donc pas une vulgaire petite planète toute de bleu vêtue qui le couper dans leur élan. Pour autant cette croyance n'est pas éloignée de la réalité, c'est pourquoi les scientifiques du Cern ont tenu à rassurer les populations, les trous noirs créés par le LHC sont si minuscules qu'ils devront se contenter de particules infiniment petites pour satisfaire leur appétit vorace. Pas de quoi en faire tout un plat.

      Toutefois, l'inquiétude s'est emparée de l'Élysée et des téléspectateurs de TF1. Hier, 20 heures, le journal télévisé. Trente minutes d'informations, zéro trace de Nicolas Sarkozy. Aujourd'hui, 13 heures, le journal télévisé. Rebelote. Infiniment petit ont-ils dit ?


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