•   Lors de mon arrivée en Irlande, j'espérais trouver un club pour faire du basket. Un mois après, je cherche toujours. Pourtant cela existe à Cork mais tous se situent beaucoup trop loin du centre-ville, beaucoup trop loin de mon domicile actuel. Il faut dire que le basket n'est pas le sport le plus pratiqué sur l'île, loin de là. Si l'Irlande n'a obtenu que trois médailles lors des derniers jeux olympiques, ce n'est pas parce qu'elle ne compte aucun sportif talentueux parmi ses habitants mais tout simplement parce que pour se démarquer des autres - les Irlandais se refusant de faire comme tout le monde - ils pratiquent pour la plupart des sports inconnus en France, inconnus dans le reste du Monde.
     
       Revenons rapidement sur leurs trois médailles à Pékin - Beijing pour les intimes, je sais que ça fait plaisir à certains -, deux de bronze et une d'argent, elles ont toutes été remportées en boxe. Boxeurs les Irlandais ? Je dirais plutôt bagarreurs. Il n'y a qu'à voir à Cork, chaque soir aux alentours de 2 heures du matin alors que les pubs et  les nightclubs viennent de fermer leurs portes, la jeunesse se rue vers le HillBillys, un fast-food situé sur la place centrale de Cork, pour y manger, certes, mais surtout pour draguer et se battre. Alors que le moins alcoolisé peine à descendre sous le seuil des deux grammes d'alcool par litre de sang, les esprits s'échauffent. Les filles, toutes de mini-micro-jupes vêtues, font l'objet de nombreuses convoitises et de jalousie. Un coup de poing, puis deux, puis trois : une bagarre générale éclate. L'entrainement de boxe débute. Une médaille, puis deux, puis trois. Merci mesdemoiselles.
     
      Néanmoins, la boxe n'est pas le sport le plus populaire en Irlande, cette pratique est uniquement réservée pour la fin de soirée, le reste de la journée les Irlandais pratiquent des sports qu'ils ont inventé - toujours au plus prêt de leur tradition - et où ils sont certains d'être les meilleurs puisque les seuls à les pratiquer. Vous avez donc choisi le questionnaire sur le sport irlandais, c'est parti :
     
      - Je suis un sport collectif d'extérieur. Longtemps interdit sous l'occupation britannique, j'oppose deux équipes composées chacune de quatorze joueurs de champs et d'un gardien. Je me pratique sur un terrain d'une dimension similaire à celle d'un terrain de football. Mes participants sont tous équipés d'une crosse appelée camán destinée à frapper dans une balle en cuir, le sliotar, qu'il est possible de confondre avec une balle de baseball. A chaque extrémité de mon terrain, je dispose d'un but s'apparentant à des poteaux de rugby, seule différence il y a un filet sous le poteau horizontal. Lorsque les joueurs envoient le sliotar dans les filets ils marquent trois points contre un seulement s'ils passent la balle au dessus de la barre. Sport impossible à filmer - il faudrait décerner une médaille aux caméramans qui y parviennent, il faut être Irlandais pour cela je pense - du fait de ma rapidité, on dit souvent de moi que je suis le sport de balle le plus rapide du monde. Relativement dangereux, les accidents ne sont pas rares sur mes terrains, mon nom signifie d'ailleurs « frapper avec violence ». Sport national en Irlande, la ferveur à mon égard ferait frémir plus d'un supporter de l'OM, je suis... Le Hurling bien sûr !
     
      - Sport irlandais par excellence, je me pratique en extérieur et j'oppose deux équipes de quinze joueurs sur un terrain d'une superficie égale à un stade de foot (non je ne suis pas le hurling). Pour marquer des points, les règles sont les mêmes qu'au hurling. Au dessus, en dessous, un point, trois points. Mon sport se pratique avec une balle qui ressemble de près comme de loin à un ballon de foot des années 50. Je laisse le choix aux joueurs de frapper la balle au pied ou à la main. Le hors-jeu n'existe pas. Spectaculaire, tous mes pratiquants sont amateurs. Je suis ? Le football gaélique bien sûr !
     
      - Dernier-né des sports irlandais, c'est le gouvernement qui a fait ma promotion lors d'une campagne de prévention contre les maladies cardio-vasculaires. Je me pratique en extérieur et par tous temps. Sport incompréhensible pour bon nombre d'étrangers, mes règles sont pourtant des plus simples. Je consiste à faire le tour d'un lac ou de tout autre lieu porté dans le coeur de mes pratiquants, et ce en marchant le plus rapidement possible. Pratiqué en grande majorité par des femmes, je suis une énorme perte de temps. Je suis, je suis... Le power walking.
     
      - Sport aussi physique que la pétanque, je suis un des rares sports irlandais à m'être exporté dans le monde entier. Je me pratique essentiellement dans les pubs car après plusieurs pintes, je gagne en intérêt. Je suis pour beaucoup plus un passe-temps qu'un réel sport. Mes règles sont souvent assez différentes d'un pub à l'autre, il existe cependant un règlement pour les compétitions officielles. Jeu à consonance française, je consiste à lancer des dartes - il paraîtrait que c'est français - dans une cible. Je suis bien évidemment... les fléchettes (appelées ici Darts).
     
      - Sport irlandais d'origine, je mets en scène des animaux. Populaire, je fais l'objet de mises énormes chaque semaines Sorte de PMU irlandais, je me pratique sur une vingtaine de pistes dans toute l'Irlande. L'effervescence monte creshendo lorsque les animaux s'approche de la ligne d'arrivée. Je suis ? Les courses de lévriers.
     
      Alors, quatre à la suite ? Bien sûr j'aurais pu être gentil et insérer le rugby et le football dans mon questionnaire, mais à quoi bon ? Bien loin de ce que pensent beaucoup de continentaux, ces sports sont loin d'être les plus populaires en Irlande. Pour s'en rendre compte il suffit de tourner les pages sports d'Evening Echo un lundi matin, il y a d'abord vingt pages de GAA, Gaelic Athlectic Association, qui regroupe le hurling et le football gaélique, et enfin arrivent le rugby puis le football anglais - les Irlandais suivent la Premiere League mais n'ont pas de réel championnat national. Avec un peu de chance, deux trois news sur le basket, le tennis, ou les compétitions automobiles.
     
      Avec ça, comment voulez-vous qu'ils prétendent à plus de médailles à Londres en 2012 ? Enfin ils n'ont pas à rougir, leur ratio de médailles est le même que celui des Français. 63 750 000 Français contre 4 250 000 Irlandais, 15 fois moins. France : 40 médailles, Irlande : 3, je vous laisse faire le calcul. Heureusement qu'on apprécie les sports internationaux.

    3 commentaires
  •   Beamish Cork Folk Festival. Corona Cork Film Festival. Guinness Cork Jazz Festival. Il n'y a aucun doute Cork est une ville culturelle. Tout le monde y trouve son compte : mélomanes, amateurs de cinéma, danseurs, ... alcooliques. Chaque festival est ici associé à une marque de bière. Il n'y a aucun doute l'Irlande est un Eldorado pour les producteurs.

      Niveau marketing ils sont pas mal les Irlandais. Dans la rue, impossible de passer à côté, quatre-vingt dix pour cent des publicités font référence à une marque de bière : Guinness, Heineken, Carlsberg, Budweiser, Murphy's, j'en passe et des meilleurs... L'Irlande est le paradis de la bière. Alcool le moins cher du pays, vous pouvez boire une pinte, soit un peu plus de cinquante centilitres, pour moins de trois euros - encore faut-il savoir où aller - contre trente euros pour une bouteille de whisky dans un supermarché, le choix est vite fait.

      La bière est partout. Dans la rue, dans les pubs, à la radio, à la télé,... L'Irlandais de base mange de la bière, dors une bière à la main, dis bonjour à son patron en lui servant une bière et se pavane avec un T-shirt estampillé de sa marque préférée. Parait-il, pas moins d'un million de pinte de Guinness sont servies chaque jour dans les pubs en République d'Irlande. Un million. A savoir qu'après avoir observé le va-et-vient des barmans, à vue d'oeil, environ une personne sur trois commande une Guinness. Le calcul est donc simple, environ trois millions de bières sont servies chaque jours dans les pubs irlandais. Trois millions de pintes soit 1,5 millions de litres de bière consommées chaque jour uniquement dans les pubs, après qui sait ce qu'il se passe chez votre voisin. Il est vrai qu'il est bon de nuancer mon propos en ajoutant qu'il n'est pas courant pour un Irlandais d'inviter ses amis à boire un apéritif à la maison, je ne suis même pas sûr que ce mot existe en Irlandais.

      Boire une bière est ici un acte tout ce qu'il y a de plus banal, à toute heure de la journée les pubs ne désemplissent pas, quoi de plus normal que de voir une femme titubant à 11 heures un jeudi matin. Impossible de rivaliser avec les Irlandais, même en vous pressant, ils doivent avoir une anatomie du gosier différente du notre. A peine le temps de finir votre première pinte qu'ils en sont déjà à leur troisième, et pourtant vous êtes dans le même état, éthyliquement parlant. L'Irlandais moyen fait du rugby, ça se voit à sa carrure et à sa capacité à résister aux effets néfastes de l'alcool.

      Sont-ils alcooliques pour autant, difficile à dire. Jamais il ne leur viendrait à l'idée d'essayer d'arrêter de boire. Jamais il ne leur viendrait à l'idée d'arrêter de fréquenter les pubs. Ces pubs si bien pensés avec des beer garden géant - ce sont des espaces ouverts où il est possible de fumer car les Irlandais avaient adopté bien avant nous l'interdiction de fumer dans les lieux publics mais les pubs ont trouvé la parade. Ces pubs, lieux de rencontre et d'amusement.

      Quand on voit l'état actuel de la France où tout le monde reste cloîtré chez soi à surfer sur Internet ou à regarder la télé, je ne suis pas sûr qu'une pinte quotidienne serait vraiment néfaste à notre santé. Plus de pubs, c'est plus de vie.

      Dans une société où plus personne ne se parle, la bière est la solution ! 


    votre commentaire
  •   Les jours passent, de nouveaux défis s'offrent à moi... le dernier en date est d'écrire des articles pour le journal local. John, l'Irlandais s'est gentiment proposé de me corriger. Voici une première ébauche, en Français, d'un peut-être futur article d'Evening Echo, qui ne tente rien n'a rien!
     
     
      Cork : 119 143 habitants. Deuxième ville du pays. Chiffre dérisoire pour bon nombre d'étrangers. Mais plus qu'un chiffre cette faible population a de lourdes conséquences sur la vie des expatriés. Venus chercher un peu de dépaysement, la déception se fait rare. Cork, pas pudique pour un sou, ne se fait pas prier pour dévoiler ses milles et un secrets.
     
      Premier jour et première soirée dans les pubs, tradition oblige - il est bon de noter que cette tradition est très respectée des étrangers. Pas le temps de finir ma première pinte qu'un parfait inconnu vient à ma rencontre. L'Irlandais est avenant. Concentré, j'écoute plus que je ne parle, demandant à mon nouvel ami de répéter une phrase sur deux. L'Irlandais est patient. Le téléphone sonne. Madame attend Monsieur à la maison. D'une traite il avale sa pinte, impossible de rivaliser. L'Irlandais a une bonne descente. Avant de s'enfuir, il ne manque pas de me payer une pinte de stout - le nom commun pour désigner les bières noires du type Guinness - sa façon à lui de me dire "au revoir". L'Irlandais est poli.
      
      Retour à la case départ. Me voilà à nouveau seul face à ma pinte, une stout épaisse qui me souhaite la bienvenue. Ma bière est à moitié vide - peut-être suis-je lent pour boire ? -, une Irlandaise me demande si la chaise et libre et enchaine avec un tas de questions. L'Irlandaise est curieuse. Les heures passent, les pintes aussi. L'Irlandaise n'est pas pressée. La soirée touche à sa fin, dernier appel. Résultat de cette première soirée : une demi-douzaine de rencontres, quatre pintes dans le ventre, de nombreux fous-rires.
     
      Le lendemain, rebelote. Encore et encore. Chaque soir le même schéma, chaque soir une nouvelle aventure. Fin du premier mois, impossible d'aller acheter ma bouteille de lait le samedi matin sans croiser une connaissance. Deux solutions s'offrent alors à moi : ne plus boire de lait ou le remplacer par une pinte matinale. J'opte pour la seconde alternative. Je suis sorti de chez moi en jogging, tout s'explique, lors de mon arrivée je me demandais pourquoi, en Irlande, les gens s'habillaient de la sorte. Tous aussi innocents qu'ils sont, ils comptaient simplement acheter leur bouteille de lait.

    2 commentaires
  •   Petit retour bloggistique après presque une semaine de silence-radio. Trop de choses à dire, pas assez de temps pour l'écrire. Séance de rattrappage incéssement sous peu.

      Le jour où j'ai créé mon blog, je pensais ne pas étaler mes sentiments parce que ça n'a pas grand intérêt pour les gens qui survolent ces pages mais, la vie étant, je vais faire une entorse à cette pseudo-charte.

      Aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres. Beaucoup d'émotions. Quelques larmes. Loyola vient de perdre un de ses habitants. Après un an, Tom s'en est allé. Fin de son aventure irlandaise. Une page se tourne mais l'histoire n'est pas finie. Je ne suis là que depuis trois semaines, c'est peu et beaucoup à la fois. Trois semaines de vie commune avec un mec adorable. Dès le premier jour, lorsque ne me connaissant pas il s'est proposé de m'héberger dans sa chambre, j'ai compris que ce mec a le coeur sur la main. Zéro déception sur ce plan. Trois semaines à squatter dans sa chambre. Dérisoire mais suffisant pour s'attacher. Ma tristesse est incomparable avec celle des vrais coloc' mais ça ne me laisse pas indifférent. Souvent on a parlé, toujours on s'est bien entendu.

      L'entendre conter ses expériences. Nouvelle-Zélande. Irlande. Mékong. Le rêve s'empare de moi. Il le sait, on est pareil sur ce point. Il le sait, un jour peut-être nous vivrons une expérience main dans la main. Il le sait, je l'admire et il a beaucoup à m'apprendre. Rares sont les gens animés à ce point par l'envie de parcourir le monde, animé par une curiosité contagieuse, animé par cette envie de partage avec autrui.

      Ce n'est pas fini, on a encore des choses à vivre ensemble, on le sait. Globetrotteur un jour, globetrotteur toujours.

      Merci.


    1 commentaire
  •   Dimanche. La Leaving party de Tom était derrière nous. Après une courte nuit de sommeil nous prenons la direction du centre-ville dans le but d'aller boire un café avant de passer en mode Nettoyage. En gagnant Grand Parade - une des principales artères de Cork - nous croisons un clown puis une personne montée sur échasses. Plus loin, une banderole nous annonce : Cork Folk Festival's. Quoi de plus normal d'entendre alors, au loin, un air de cornemuse...
     
      Quelques pas plus loin, dans le parc attenant, un sculpteur aveugle, un mime-jongleur; dans la rue, des stands aux effluves extraordinaires; sur Grand Parade, un groupe de musiciens. Musique celtique, musique traditionnelle, musique latino. Face à la scène, un dance floor improvisé, la foule des grands jours, une foule de danseurs. Nous arrivons juste au moment où la population s'active, une danse traditionnelle se met en route.
     
      Quatre par quatre. On se place sur une même ligne en se tenant par la main. La musique débute. Deux pas en avant, deux pas en arrière. Deux pas en avant, deux pas en arrière. On tournicote. Retour en ligne. Deux pas en avant et on tournicote avec un inconnu. Trois petits tours et deux pas en arrière, nous voilà à nouveau en ligne. Deux pas en avant, il est temps de passer sous les bras de la ligne qui nous fait front. Et hop c'est reparti jusqu'à ce que la musique s'arrête. Ca a l'air simple comme ça, mais je vous assure que sur la piste les néophytes ne tardent pas à se faire remarquer.
     
      Je l'affirme, la danse traditionnelle irlandaise est un excellent moyen de faire des rencontres. Un coup, vous tournicotez avec une mamie de soixante ans, un coup avec une gamine de cinq ans, parfois avec papi Mougeot, d'autre fois avec un rappeur irlandais, et quand la chance vous sourit avec une magnifique Espagnole qui se dépatouille aussi bien que vous avec les pas locaux.

    3 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires